La consommation d’eau
10/09/2025
Mérignac Beaudésert : Premier démonstrateur d’infiltration des eaux pluviales de France

Bordeaux face au défi de l’eau
À Bordeaux, l’eau est au cœur des préoccupations. Les nappes phréatiques, déjà fragilisées par des périodes de sécheresse répétées, n’ont parfois plus le temps de se recharger entre deux épisodes pluvieux. Les pluies se font rares, plus violentes, et l’eau qui ruisselle disparaît sans profiter aux sols. Dans ce contexte, la métropole bordelaise a choisi d’innover : plutôt que de laisser les eaux pluviales s’évaporer ou rejoindre les cours d’eau, pourquoi ne pas les transformer en ressource utile, en les réinjectant directement dans la nappe phréatique ?
C’est à Mérignac, sur le site de Beaudésert, que cette idée a pris vie. Là, un bassin de rétention de trois hectares capte les eaux de ruissellement provenant de la rocade et des zones avoisinantes. Autrefois, ce bassin avait une fonction simple : il retenait l’eau en cas de fortes pluies pour éviter les inondations, avant d’être vidé progressivement dans les rivières en aval. Mais cette eau, bien qu’abondante lors des épisodes pluvieux, n’était pas valorisée.
Une double filtration des eaux pluviales
L’objectif premier de cette expérimentation était de modifier ce processus. Désormais lorsqu’il pleut, l’eau collectée est pompée et acheminée vers un filtre planté de roseaux. Cette première étape, inspirée de la nature, commence à dépolluer l’eau en piégeant une partie des polluants organiques. Pourtant, la filtration végétale n’est pas toujours homogène : certains passages, moins colonisés par les roseaux, peuvent offrir un traitement incomplet.
C’est là qu’intervient un deuxième acteur clé : Le Système de filtration inversé Up-Flo filter
Dernier rempart avant la réinjection, cette solution au charbon actif spécialement conçu pour capter les micropolluants a été choisi. Cette technologie innovante va garantir la rétention des métaux lourds, des produits phytosanitaires (pesticides…) et va permettre la réinjection de l’eau dans un puit d’infiltration.
Avec une efficacité de filtration sur les MES* de taille médiane 22 microns, les métaux lourds, hydrocarbures, pesticides.… Ils sont captés par absorption afin de garantir une qualité d’eau conforme aux exigences de réinjection dans la nappe.
Capable de traiter 7 litres par seconde, l’Up-Flo représente un potentiel de 150 000 m³ d’eau traitée par an.
De la pluie à la nappe phréatique
Une fois filtrée, l’eau rejoint donc un puit d’infiltration, qui la redirige directement vers la nappe phréatique. Le concept est simple, mais ses effets sont majeurs : la nappe se recharge gratuitement, sans nécessiter d’infrastructures de stockage coûteuses. Dans une région où chaque goutte compte, cette eau non potable deviendra une ressource précieuse pour la collectivité.
Demain, elle servira à nettoyer les voiries ou à arroser les espaces verts, réduisant la dépendance à l’eau potable.
Infiltration des eaux pluviales : Un usage concret pour demain
Mais Mérignac Beaudésert n’est qu’une première étape. Le projet est pensé comme un démonstrateur, une vitrine d’une nouvelle manière de gérer les eaux pluviales. On imagine déjà ce dispositif le long des autoroutes, où les bassins de rétention se remplissent à chaque averse. Plutôt que de rejeter cette eau dans la mer ou les rivières, pourquoi ne pas la traiter et la réutiliser, au service des collectivités et des agriculteurs ? Chaque bassin pourrait devenir une réserve locale, prête à soutenir les territoires en cas de pénurie.
Ce démonstrateur ouvre la voie à la réutilisation massive des eaux de ruissellement à des fins industriels ou agricoles. Une aubaine à la vue du nombre de bassins qui « fleurissent » le long des axes routiers.

*MES: Les matières en suspension sont des particules solides présentes dans l’eau qui, en excès, peuvent troubler l’eau, perturber la photosynthèse, asphyxier la faune aquatique et véhiculer des polluants ou des micro-organismes nuisibles.